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Winterfell

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19 novembre 2007

Sang d'encre

Bon bon bon, un nouveau blog, eh oui! Que j'aurai passé plus ou moins longtemps à configurer, choisir les couleurs, tout ça, le tout avec une bande passante avoisinnant le néant...donc, je suis bien contente d'en avoir fini, et de pouvoir donc inaugurer ce blog tout neuf ^^ Boooh, la présentation qui ne ressemble à rien xD Oui, eh bien, je ne savais pas trop quoi dire, pour changer un peu...

Ah si, parce que pour une fois, j'ai décidé de ne poster ici que des textes plus ou moins 'sérieux', net progrès, il faut l'avouer...nyahum. Donc, ouvrons la marche avec une nouvelle, que nous avons, Nobu, Pauline et moi, écrite dans le cadre d'un concours d'écriture dont le thème, du moins pour la partie réservée aux jeunes, était l'injustice. Il ne devait s'agir que d'un fil rouge pour le récit, et il n'était pas obligé qu'il fût prédominant dans le texte...Et tatsaaa, nous avons été primées! Je vais éviter de vous gratifier d'un instant de Vanité tout aussi pitoyable qu'inintéressant, mais voilà, nyhappy, nous serons publiées dans un recueil etc. ^^

Et puis ben voilà, place maintenant au texte proprement dit, enjoy oopa ^^

SANG D'ENCRE

Une lumière aveuglante. La clameur étouffée, incessante, d'une foule invisible. Et une exhalaison morbide, qui émanait de ces lieux où régnait une agitation chaotique. C'est dans cette atmosphère oppressante, celle d'une salle d'attente, que Kiliann Kadvael, jeune écrivain talentueux de romans policiers noirs, ouvrit les yeux. Pour les clore presque aussitôt, terrassé par une vague de douleur aiguë, sourde et lancinante, qu’il sentait sourdre de son crâne.
Dans la pièce exiguë où il se trouvait s'entassaient une multitude d'individus tous plus étranges les uns que les autres ; certains d'entre eux, excédés par une trop longue attente, s'agitaient, mal assis sur un groupe de chaises dépareillées, agencées en plusieurs lignes parfaitement parallèles. D'autres, empressés, couraient en tous sens, dans une précipitation anarchique, des dossiers à la main ou criant des directives, et tous arboraient un visage blême au teint cireux. Kiliann nota avec une stupéfaction horrifiée que de fatales entailles mordaient profondément les poignets de l'homme qui se situait le plus près de lui. A quelques mètres de là, une large plaie sanguinolente zébrait la poitrine d'un autre, tandis qu'une corde enlaçait en une mortelle étreinte le cou d'un autre encore, lui broyant ainsi la trachée. Un regard circulaire révéla au jeune auteur que toutes les personnes en présence s'avéraient semblablement mutilées.
Une myriade d'interrogations s'entrechoquaient dans l'esprit torturé de Kadvael. Que diable faisait-il là? Là, ah! Mais pour commencer, où était-ce, là? Dans quel endroit macabre pouvait-il bien se trouver? Il ne devait s'agir que d'un rêve, impossible autrement... Mais l'odeur écœurante du sang, cette sensation de froid perpétuel qui le plongeait dans un état d'étrange torpeur, et tous les autres détails qui composaient ce lugubre tableau, tout cela lui semblait tellement tangible...
Alors que, hagard, il laissait errer ses pensées désordonnées, une sonnerie cristalline retentit soudain, dont les échos se répercutèrent contre les murs nus, austères, de la petite salle. Elle fut suivie d'une voix féminine peu amène, crachée par un vieux haut-parleur fixé au plafond, qui annonçait: "Suivant! Le numéro 557 est appelé au guichet B." L'écrivain s'arracha à ses funestes préoccupations, et vit se diriger vers ledit guichet B un homme éventré, dont les viscères raclaient le sol derrière lui, attachées à ses pas, telles la traîne d'une robe de mariée. L'homme de plume le suivit des yeux jusqu'à sa destination, où il put apercevoir un écriteau sur lequel figurait l'inscription " B - Meurtres avec préméditation".
Paniqué, l’œil fou, il jeta des regards convulsifs, intermittents, tout autour de lui. Ses yeux coururent rapidement d'un panneau à l'autre, tentant d'assimiler au fur et à mesure les diverses mentions qu'ils affichaient: « Homicides volontaires », « Homicides involontaires », « Morts naturelles », « Suicides », « Morts prématurées », « Maladies fatales », « Renseignements ». La scène lui parut tout à coup si aberrante, qu'il fut investi de la certitude subite que les personnages et le décor funèbres qui l'entouraient ne pouvaient être que les produits de son esprit dérangé. Un cauchemar, voilà tout. Rien de plus, un simple cauchemar... Quoi de plus logique, après tout, lorsque l'on passe ses journées entières, voire des nuits blanches, devant son clavier, à explorer son imaginaire meurtrier et désaxé, à la recherche d'idées nouvelles de scénarios tous plus sinistres les uns que les autres, qui voyaient inéluctablement leurs héros violemment assassinés? Or çà, puisqu’il ne pouvait s’agir que d’un rêve et qu’il ne risquait rien, pourquoi ne pas, dans ces conditions, aller jusqu'en son terme?
Dès lors, Kiliann, libéré de toute angoisse, se dirigea d'un pas assuré vers l'office des renseignements où, après avoir vu défiler devant lui quelques acteurs de son mauvais songe, il fut accueilli par une pulpeuse jeune femme aux traits gracieux, qui lui lança d'une voix enjouée:
-Bonjour! En quoi puis-je vous aider par cette matinée débordante de vie?
-Bonjour..., lui rétorqua le romancier, quelque peu hésitant. Euh...pourriez-vous me dire où nous sommes?
-Vous vous trouvez présentement au bureau des renseignements, lui précisa-t-elle.
Quelques instant s’égrenèrent dans un silence de mort, après cette information particulièrement éclairante.
-Euh...oui, mais pourriez-vous m'en dire davantage? s'enquit le jeune homme, décontenancé.
-Eh bien, vous vous trouvez présentement au siège du B.A.D.D, le Bureau d'Attribution des Dernières Demeures. Voulez-vous m'indiquer vos nom, prénom, état civil et coordonnées complètes?
-Kadvael Kiliann...célibataire, sans enfant, et je réside au numéro 13, Place du Mort, à Bruxelles, code postal: 1000.
L'hôtesse transcrivit petit à petit les données de son interlocuteur, puis tourna la tête vers sa droite, afin de consulter du regard l'écran de son ordinateur. L'auteur, qui, en attendant, fixait d'un oeil absent le comptoir, y remarqua alors l'apparition d'une ombre oblongue, aux formes changeantes.
Celle d'une pique à brochette.
En effet, levant les yeux, l'écrivain s'avisa de la présence pour le moins singulière de la pique à brochette en question, délicatement logée dans l'occiput de la charmante demoiselle. S'y balançaient encore, au gré de ses mouvements, quelques menus morceaux de poulet, agrémentés çà-et-là de poivrons rouges du plus bel effet, en accord parfait avec l'écarlate de son chemisier.
-Ah, voilà! Je lis qu'un certain feu Kiliann Kadvael - c'est vous! , tint-elle à ajouter - s'est éteint dans le courant de la nuit dernière, aux environs de 3heures, 0 minute, et quinze secondes, des suites d'un accident vasculaire cérébral, et qu'il est appelé à subir les tortures éternelles des flammes de l'enfer. Toutes mes condoléances. Autre chose pour votre service?

A l'annonce de son récent décès, le "défunt" tomba raide (mort) de stupéfaction, comme un frisson d'effroi parcourait son échine, et que ses entrailles devenaient de plomb. Non. Impossible. Ce n'était qu'un rêve, juste un rêve. Un rêve... Mais, et cette douleur  lancinante qui le tenaillait depuis qu'il avait repris conscience, comme un terrible étau enserrant son crâne? Mort des suites d'un accident vasculaire cérébral, lui avait dit la jeune femme à la brochette... Alors...se pouvait-il que tout ceci ne fût pas le fruit de son imagination? Se pouvait-il réellement qu'il eût trépassé, et qu'il dût rejoindre les enfers?! Si tel était vraiment l'état des choses, il était dans son chef inconcevable qu'il se laissât torturer l'éternité durant, il ne pouvait souffrir pareille sentence, dont il ne comprenait du reste pas la raison d'être.
-Monsieur? l'interrompit l'hôtesse, remarquant son absence passagère, le sortant de ses réflexions.
-Pardon? balbutia l'intéressé. Oh! Mais...mais c'est injuste! Pourquoi devrais-je être condamné à l'enfer, je n'ai que je sache commis aucun acte qui pourrait justifier cette sanction !
-Pour toute protestation, prière de vous adresser au bureau des réclamations couloir 6, septième ciel, mais voyez ce détail avec l'intendance des enfers.

-Bonjour...que désires-tu donc? Que diable peut bien faire là une âme damnée, assujettie aux enfers?
Kiliann releva brusquement la tête vers l'homme en face de lui, remarquant que c'était enfin à lui qu'il s'adressait, après avoir patienté des heures durant. Il lui avait déjà fallu quelque temps pour convaincre le préposé aux communications extérieures des enfers de lui permettre d'aller faire part à Saint-Pierre de sa doléance et lui signifier quels griefs il avait à l'encontre de la sentence qu'on lui voulait appliquer. Une fois rendu au bureau des réclamations, il s'était ensuite trouvé face à une file d'attente interminable, mais en avait cependant vu avec soulagement la longueur s'amenuiser au fil des heures, et son tour finalement arriver. Il se tenait à présent debout devant un individu, qui n'était autre que Saint-Pierre, à la barbe neigeuse, nervurée de fils d'or, dont l'auguste visage, bien que marqué par les ans, n'en conservait pas moins quelque caractère avenant. Il émanait de lui une aura de calme alcyonien et de bienveillante sagesse qui ne pouvaient inspirer qu'un profond respect.
-Je suis venu, expliqua le jeune adulte d'un ton lourd de reproche, vous faire entendre mon mécontentement au regard de l'arrêt qui a été prononcé à mon égard, d'autant que je l'estime totalement injustifié, attendu que j'ai mené une honorable et exemplaire existence.
-Du calme! prévint le saint d'une voix péremptoire, mais aux inflexions toutefois conciliantes. Il ne s’agit jamais que d’une éternité de supplices plus effroyables et douloureux les uns que les autres à subir…après tout, il n’y a pas mort d’homme ! D’après ma base de données, vous devez être ce romancier à la plume assassine et aux idées tourmentées, et ce sont ces pulsions démentes qui ont déterminé votre damnation.
-Mes pulsions démentes ?! Mais je…
Après avoir envisagé un moment de protester, Kiliann rendit les armes, et se résolut à accepter l’évidence.
-D’accord, poursuivit-il, admettons. Mais ces pulsions, je les réprime, et je fais de mon art leur exutoire, alors…je ne fais de mal à personne !
- Il n’en reste pas moins que tout ceci ne me semble pas très catholique, répliqua le gardien des clefs en dodelinant de la tête. Néanmoins, mon quotidien monotone ne donnant lieu qu’à très peu de divertissements, je vais vous accorder une seconde chance : vous avez droit à faire appel à un témoin, personnage de l’un de vos ouvrages, à votre décharge, dans le but de me faire réviser mon jugement. Quant à moi, je vais convoquer un second témoin dont la tâche sera de stigmatiser vos torts.
Evidemment, le prévenu obtempéra, saisissant  cette opportunité inespérée qui s’offrait à lui, et se mit mentalement en quête d’un protagoniste de l’un de ses romans qui pourrait intervenir en sa faveur. Hélas pour lui, au vu de la façon dont il les faisait le plus souvent mourir dans d’atroces souffrances, il lui était quelque peu malaisé de trouver quelqu’un qui n’eût pas avec lui un sérieux contentieux. Tandis qu’il était absorbé par cette recherche, Saint-Pierre, pour sa part, n’éprouva aucune difficulté à désigner un plaideur : Ivy, la représentation, dans ses oeuvres, de son éditrice, qu’il abhorrait à cause de l’obstination qu’elle montrait à astreindre Kadvael à modifier son style et quelques éléments de ses récits afin d’attirer un lectorat plus large. Il s’était donc ingénié, au fil de ses romans, à inventer des façons toujours plus ludiques de mettre fin à ses jours.
C’est ainsi qu’apparut, dans un nuage de fumée céruléenne, une femme svelte et élancée, vêtue d’un tailleur strict, ses cheveux mordorés sobrement ramenés en arrière en un chignon bien compact. Ses yeux vert poison luisaient d’une étincelle sévère, encore renforcée par la forme rectangulaire et dépouillée de ses lunettes. Sa mort, elle, comportait une certaine touche d’originalité, et accessoirement de machine à écrire, plantée dans sa gorge, qui avait perforé sa carotide et entraîné sa mort par hémorragie. C’était, pour apporter plus de précision, la touche M, qui avait causé son trépas et ornait à présent son cou gracile et délicat, dont s’écoulait en des jets irréguliers son fluide vital.
Kiliann, après avoir hésité de longs instants, décida d’appeler à la barre son personnage de prédilection : Elijah, son alter ego fictif, l’auteur des innombrables massacres parsemant ses romans, qui lui ressemblait trait pour trait, à l’exception du regard que le tueur en série avait dément. Les deux antagonistes, ayant échangé un regard hostile, s’assirent de concert dans de modestes fauteuils surgis de nulle part, et la plaidoirie de commencer sur ces entrefaites…
Ivy accusa l'auteur d’être un dangereux psychopathe, qui ne tarderait pas, selon elle, elle le jura sur sa vie - cette assertion recouvrant une immense valeur, bien entendu - à passer réellement à l’acte. Elle en voulut pour preuve la manière dont il l’avait violemment occise, à l’instar de nombre de ses partenaires de supplice, dont elle exposa en détails les morts affreuses. Elle attesta également que l’homme en face d’elle, Elijah, était un meurtrier, ravagé par une folie sanguinaire qui jamais ne serait apaisée.
- En effet, je n’ai pas de honte à avouer que je tire de ces crimes un plaisir immense, c’est mon oxygène, ma raison de vivre et c’est grâce à moi si ce lâche de scribouillard ne fera jamais rien de concret ! vociféra Elijah. Je devrais d’ailleurs en être remercié, et non blâmé. Je lui suis infiniment supérieur : il ne ressent, lui, que des envies fugaces et superficielles de faire souffrir, face à l’incompréhension dont on fait montre envers sa personne, mais ces désirs s’en retournent aussi vite qu’ils étaient venus, et cette larve n’osera jamais agir, il ne pourra jamais égaler mon niveau de virtuose !
Après cette longue et amère tirade pleine de rancœur, Elijah se tut et se renfonça dans son fauteuil, tandis que, indignée, Ivy se relevait pour lui répliquer avec fougue. Les réparties se chargèrent de plus en plus d’agressivité, les partis en présence s’invectivant âprement, si bien que Saint-Pierre, excédé, se vit obligé d’y mettre un terme.
-Assez ! s’époumona-t-il avec un courroux rageur, et tous se tinrent soudainement cois, craignant ses foudres. Je ne puis souffrir pareils tumulte et manque de rigueur au sein de mon domaine ! J’ai entendu vos différents arguments, la décision m’appartient à présent. Je vous invite plus que cordialement, désormais, à vous taire en attendant que je rende mon verdict…
Sur ces mots, le vénérable vieillard lança encore un dernier regard noir à la cantonade, avant de se plonger dans ses réflexions. En effet, les récents témoignages avaient éclairé sous un jour nouveau la nature supposée malfaisante de Kiliann. Le saint réalisa qu’il ne s’était guère montré impartial, et qu’il s’était arrêté aux apparences premières sans chercher assez à approfondir les fondements de sa prise de position. Il s’était laissé aller à accréditer ses préjugés, ce qui, en soi, constituait une injustice inadmissible de la part d’une autorité telle que lui. Le romancier, bien qu’il eût, certes, dépeint dans ses livres des faits ignobles et tout à fait répréhensibles, n’en était pas pour autant foncièrement mauvais, au contraire. Il ne faisait en réalité que se décharger, par le biais de ses romans, d’une part de l’hostilité qu’il ressentait parfois à l’encontre de tiers, et ce fait ne recelait rien qui justifiât des mesures aussi drastiques que la damnation ad mortem aeternam. Par conséquent, le gardien des clefs sortit de son mutisme pensif pour informer l’assemblée de l’issue de sa délibération intérieure : il blanchissait Kadvael de tous crimes hypothétiques et récusait sa précédente condamnation, lui accordant le privilège d’accéder au paradis. Il s’apprêta donc à rectifier son erreur dans le dossier du défunt, mais interrompit son geste à mi-parcours, s’avisant d’une complication impromptue de taille.
-Par les cornes de Belzébuth ! s’exclama-t-il, atterré. Je constate que, d’après les renseignements dont je dispose ici, hélas pour vous, j’ai bien peur de ne plus être en mesure de vous être d’aucun secours. Pauvre hère…pauvre âme en perdition, vous êtes athée, et tout ceci n’est donc plus de mon ressort. Je crains que vous n’ayez plus le choix dorénavant, et deviez, c’est là votre seule option, vous résoudre à errer à jamais dans les limbes, navré.
En un instant, le malchanceux passa de la plus grande joie au désarroi le plus total, en croyant échapper à de sempiternels tourments pour rejoindre la félicité sans borne du paradis, et en se voyant au dernier moment refuser cette faveur. Révolté, il ouvrit la bouche pour protester, mais avant qu’aucun son n’en pût sortir, il se sentit comme happé, tombant sans fin dans un gouffre béant venant de s’ouvrir sous ses pieds…

Le feu passa enfin au vert, nota Kiliann, alors qu’il se trouvait encore à une quinzaine de mètres du passage clouté, et il accéléra la cadence pour y parvenir avant que la circulation ne reprît. Les yeux fixés au sol, au rythme de ses pas, il laissa errer ses pensées préoccupées et s’y perdit. Au beau milieu de la nuit, il s’était réveillé en nage, avec aux lèvres un goût d’épouvante irrépressible et de profonde injustice, à la suite d’un cauchemar qui lui avait paru particulièrement réel, et dont le souvenir tenace n’avait de cesse de le hanter, le perturbant plus qu’il ne voulait bien se l’avouer. Le songe l’avait laissé traumatisé, et avait créé en lui une peur nouvelle qui l’obsédait réellement, celle de la mort. Ainsi, une fois arrivé le jour fatidique, qu'adviendrait-il de lui? Cette question désormais l'oppressait, inlassablement, quoi qu'il fît, où qu'il se rendît, il était incapable de la déloger de son esprit troublé. De plus, son expérience onirique l'avait également poussé à remettre en question certaines des certitudes qu'il avait auparavant acquises, à s'interroger sur le bien fondé de ses croyances ou, à plus forte raison, de son absence de croyances. Affligé de craintes et d'interrogations, à la dérive, il ne remarqua pas, au moment où il s'engageait sur le passage pour piétons, que le feu venait de repasser au rouge. Il eut à peine le temps d'entr'apercevoir un éclat ensanglanté, et de percevoir le vrombissement sourd s'approchant à toute allure, inéluctable.
Une lumière aveuglante.
La clameur étouffée, incessante, d'une foule invisible...

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